Monter une holding couplée à une SCI (Société Civile Immobilière) est un montage juridique et fiscal de plus en plus prisé par les investisseurs immobiliers en France. Ce dispositif consiste à intercaler une société holding entre vous et une ou plusieurs SCI détenant vos biens immobiliers. L’objectif est double : optimiser la gestion de votre patrimoine immobilier et réduire la charge fiscale sur vos revenus fonciers et plus-values potentielles.
Sur le plan patrimonial, ce montage facilite la détention et la transmission de biens immobiliers. Il permet de regrouper plusieurs propriétés au sein d’entités dédiées (les SCI) tout en conservant le contrôle via la holding. Sur le plan fiscal, la combinaison holding + SCI offre des leviers pour diminuer l’imposition (grâce à des régimes fiscaux favorables) et pour gérer plus efficacement la trésorerie générée par vos investissements locatifs. Après avoir défini ces concepts, nous verrons comment fonctionne une SCI, le rôle spécifique d’une holding dans l’investissement immobilier, la manière d’articuler les deux structures ensemble, et les avantages de ce montage. Enfin, nous aborderons les points de vigilance à connaître avant de se lancer, ainsi qu’une FAQ pour répondre aux questions courantes.
Fonctionnement d’une SCI (Société Civile Immobilière)
Une SCI est une société civile dont le but principal est la détention et la gestion de biens immobiliers (achat, gestion locative, transmission du patrimoine immobilier familial, etc.). Elle est dite “civile” car elle n’a pas de vocation commerciale (on l’utilise pour louer des biens nus, pas pour les activités commerciales comme la vente régulière de biens ou la location meublée professionnelle). Voici comment se crée et fonctionne une SCI, ainsi que les choix fiscaux possibles et leurs implications.
Création et statut juridique d’une SCI
Créer une SCI est relativement simple et peu coûteux. Il faut au minimum 2 associés (par exemple, vous et votre conjoint, ou un membre de la famille) qui vont apporter des fonds (apports en numéraire) ou des biens (apports en nature) à la société. Les associés rédigent des statuts qui définissent le fonctionnement de la SCI : sa dénomination, son siège social, l’objet (généralement “acquisition et gestion de biens immobiliers”), la répartition des parts sociales entre associés, la gérance, etc. La SCI n’exige pas de capital social minimum (il peut être librement fixé, même symboliquement à 1€), mais il est souvent conseillé de prévoir un capital cohérent avec le projet (par exemple quelques milliers d’euros) pour crédibiliser la société vis-à-vis des banques. Une fois les statuts signés et la société immatriculée au Registre du Commerce et des Sociétés (RCS), la SCI acquiert la personnalité juridique : elle peut alors acheter des biens immobiliers en son nom, signer des baux et emprunter auprès des banques (généralement avec caution des associés).
Au quotidien, la SCI est gérée par un gérant (souvent l’un des associés) nommé dans les statuts ou par décision des associés. Le gérant représente la SCI et prend en charge la gestion courante (signature des actes d’achat, des contrats de location, etc.). Les décisions plus importantes (acquisition ou vente d’un bien immobilier, emprunt significatif, modification des statuts…) sont soumises à l’approbation des associés en assemblée générale. Chaque associé détient des parts sociales de la SCI, et à ce titre a droit de vote et droit aux éventuels bénéfices distribués. Il est important de noter que la responsabilité des associés de la SCI est indéfinie mais non solidaire : en cas de dettes de la SCI non couvertes par les actifs, les créanciers peuvent se tourner vers les associés qui seront responsables sur leurs patrimoines personnels au prorata de leur part dans la société (contrairement à une société commerciale de type SARL où la responsabilité est limitée aux apports).
Fiscalité d’une SCI : IR ou IS ?
D’un point de vue fiscal, une SCI a deux régimes d’imposition possibles : l’impôt sur le revenu (IR) ou l’impôt sur les sociétés (IS). Par défaut, une SCI relève de l’impôt sur le revenu : on parle de transparence fiscale. Cela signifie que ce n’est pas la SCI elle-même qui paie l’impôt sur ses bénéfices, mais chaque associé, directement, à hauteur de sa part dans la société. Les revenus fonciers générés par la SCI (loyers moins les charges déductibles) sont donc imposés dans la catégorie des revenus fonciers sur la déclaration d’impôt personnelle de chaque associé. L’avantage de la SCI à l’IR est la simplicité : pas d’impôt sur les sociétés ni de double niveau d’imposition. De plus, en cas de revente d’un bien par la SCI, la plus-value réalisée est imposée selon le régime des plus-values immobilières des particuliers, qui offre des abattements progressifs en fonction de la durée de détention (exonération totale d’impôt sur la plus-value au bout de 22 ans de détention, et d’exonération des prélèvements sociaux au bout de 30 ans). En outre, si la SCI génère un déficit foncier (par exemple en raison de travaux importants ou d’intérêts d’emprunt élevés), ce déficit est imputable sur les revenus fonciers des associés, ce qui peut réduire leur imposition personnelle (dans la limite de 10 700 € par an imputables sur le revenu global, le reste étant reportable sur les revenus fonciers des années suivantes).
Cependant, la fiscalité à l’IR peut devenir lourde si les revenus fonciers sont élevés, car ils s’ajoutent aux autres revenus du foyer fiscal de chaque associé et sont soumis au barème progressif de l’impôt sur le revenu (qui peut atteindre 45% pour la tranche la plus haute), plus 17,2% de prélèvements sociaux. C’est là qu’intervient l’option pour l’impôt sur les sociétés (IS). En optant pour l’IS, la SCI devient une société fiscalement opaque : elle paie l’impôt sur les bénéfices au niveau de la société elle-même, au taux de l’IS. En 2025, le taux normal de l’IS en France est de 25%, avec un taux réduit de 15% sur les premiers 42 500 € de bénéfices annuels (pour les PME répondant aux critères, ce qui est généralement le cas d’une SCI familiale). Ce régime permet souvent de diminuer la taxation sur les revenus locatifs, en particulier si la SCI génère des bénéfices significatifs. De plus, à l’IS, la SCI peut amortir comptablement ses immeubles (c’est-à-dire déduire chaque année une fraction du coût d’achat du bien comme une charge, en plus des autres charges déductibles). L’amortissement n’est pas autorisé à l’IR, et c’est un avantage majeur de l’IS car il peut réduire fortement le résultat imposable (parfois le ramener à zéro, surtout dans les premières années), donc diminuer l’impôt immédiatement. Attention, ce qui n’est pas payé aujourd’hui pourra l’être plus tard : lorsque la SCI à l’IS revend un bien, la plus-value imposable est calculée par rapport à la valeur comptable nette (prix d’achat moins amortissements pratiqués), ce qui peut entraîner une plus-value importante taxée au taux de l’IS sans abattements pour durée de détention. Autrement dit, l’IS différe l’impôt grâce aux amortissements, mais en cas de cession la facture fiscale peut être élevée puisque les amortissements déduits sont “récupérés” dans le calcul de la plus-value.
Enfin, si la SCI à l’IS réalise des bénéfices et qu’on souhaite les retirer pour les associer (personnes physiques), il faudra distribuer des dividendes qui seront alors soumis à la flat tax de 30% (ou, sur option, au barème de l’IR + prélèvements sociaux). C’est pourquoi, souvent, l’intérêt d’une SCI à l’IS est maximisé lorsqu’elle s’insère dans un montage avec une holding, permettant de remonter les bénéfices à un niveau intermédiaire sans subir immédiatement cette taxation des dividendes (nous y reviendrons). Il faut noter également qu’une fois qu’une SCI a opté pour l’IS, ce choix est irrévocable (on ne peut revenir à l’IR, sauf à dissoudre la société) – il convient donc de bien réfléchir avant d’opter pour l’IS. En résumé, SCI à l’IR vs SCI à l’IS, quel régime choisir ? Cela dépend de votre situation : niveau de revenus, durée de détention prévue des biens, volonté de réinvestir les bénéfices ou de les percevoir, tranche d’imposition personnelle, etc. Voici un tableau comparatif synthétisant les principales différences entre SCI à l’IR et SCI à l’IS :
Critères | SCI à l’IR (Impôt sur le Revenu) | SCI à l’IS (Impôt sur les Sociétés) |
---|---|---|
Imposition des loyers | Transparence fiscale : les loyers net de charges sont imposés directement entre les mains des associés, selon le barème IR + 17,2% prélèvements sociaux. | La SCI paie l’IS sur ses bénéfices : 15% jusqu’à 42 500 €, puis 25% au-delà (taux 2025). Les associés ne sont imposés que si les bénéfices sont distribués (dividendes). |
Déduction des charges | Charges déductibles limitées aux dépenses effectives (intérêts d’emprunt, travaux, taxes, assurances…). Pas d’amortissement possible sur les immeubles. | Charges déductibles élargies y compris amortissement des immeubles, ce qui peut réduire fortement le bénéfice imposable. En revanche, la rémunération du gérant peut être déduite si celui-ci est rémunéré. |
Déficits fonciers | Le déficit foncier (hors intérêts) est imputable sur les revenus fonciers des associés (et dans une certaine limite sur le revenu global), ce qui diminue leur IR personnel. | Un déficit fiscal de la SCI à l’IS est reportable sur les bénéfices futurs de la société (report indéfini des déficits) ou peut, sous conditions, être imputé sur les bénéfices d’autres sociétés du groupe en cas d’intégration fiscale. |
Plus-value immobilière | Régime des plus-values des particuliers : taxation à 19% + 17,2% prélèvements sociaux, avec abattements progressifs en fonction de la durée de détention (exonération totale d’impôt après 22 ans, et de prélèvements sociaux après 30 ans). | Taxation au taux de l’IS sur la plus-value réalisée lors de la vente (aucun abattement dans le temps). Cependant, la plus-value est calculée sur la valeur comptable du bien (prix d’achat diminué des amortissements pratiqués), ce qui augmente l’assiette taxable. |
Distribution des profits | Les bénéfices sont automatiquement attribués aux associés et donc imposés à leur IR chaque année, qu’ils soient distribués ou non (pas de notion de “report à nouveau”). | Les bénéfices après IS peuvent être soit conservés dans la SCI (mis en réserve pour investir par exemple), soit distribués sous forme de dividendes. Les dividendes versés à des associés personnes physiques sont taxés à 30% (flat tax) ou au barème IR sur option. Si les dividendes sont versés à une holding associée, ils peuvent bénéficier du régime mère-fille (quasi-exonération, voir section Holding). |
Obligations comptables | Obligations allégées : une comptabilité de trésorerie peut suffire. Une liasse fiscale n’est pas à déposer (sauf SCI à l’IR ayant un associé soumis à l’IS, cas particulier). Les formalités se limitent essentiellement à la déclaration des revenus fonciers. | Comptabilité commerciale complète obligatoire (bilan, compte de résultat, etc.) et liasse fiscale annuelle à télétransmettre. Il est conseillé de faire appel à un expert-comptable. Gestion plus lourde, coûts comptables à prévoir. |
Avantages | – Simplicité de gestion et de création. – Imposition directe souvent avantageuse pour petits revenus ou si l’associé est peu imposé. – Bénéficie des abattements pour durée de détention sur les plus-values. – Idéal pour un patrimoine destiné à générer juste un complément de revenu sans réinvestissement massif. | – Taux d’imposition sur les bénéfices potentiellement plus faible que l’IR (surtout avec le taux réduit de 15%). – Amortissement des biens : réduit l’imposition annuelle sur les loyers. – Possibilité de conserver les bénéfices dans la société pour investir (pas d’imposition personnelle tant pas distribués). – Adapté aux stratégies de long terme visant à accumuler un patrimoine conséquent via la société. |
Inconvénients | – Imposition pouvant devenir très lourde si les revenus sont élevés (hautes tranches IR + prélèvements sociaux). – Impossible de déduire l’amortissement des biens, donc l’assiette taxable peut être élevée. – Bénéfices imposés même s’ils ne sont pas perçus (pas de capitalisation possible sans impôt). | – Gestion comptable et fiscale plus complexe et coûteuse (expert-comptable recommandé). – Plus-value lourdement taxée à la revente (pas d’abattement, récupération des amortissements). – Distribution aux personnes physiques taxée à 30% (double niveau d’imposition). – Choix de l’IS irréversible (sortir de l’IS implique de liquider la société). |
Avantages et inconvénients d’une SCI
En plus des aspects fiscaux, constituer une SCI pour détenir ses biens immobiliers présente des avantages juridiques et patrimoniaux intéressants, mais aussi quelques inconvénients, qu’il convient de peser :
Avantages d’une SCI :
- Gestion facilitée à plusieurs : La SCI permet d’acheter et de gérer un bien immobilier à plusieurs personnes sans passer par l’indivision (qui est souvent source de blocages). Chaque associé détient des parts sociales librement cessibles (selon les conditions prévues aux statuts), ce qui facilite la transmission ou la sortie d’un associé comparé au partage physique d’un immeuble.
- Organisation sur mesure et stabilité : Les statuts de la SCI offrent une grande liberté contractuelle pour organiser la gestion du patrimoine (par exemple, fixer les modalités de prise de décisions, répartir différemment pouvoir de gestion et détention du capital, etc.). La durée de vie de la SCI peut être fixée à 99 ans, assurant une stabilité dans le temps, au-delà de la vie des fondateurs.
- Transmission patrimoniale optimisée : La SCI est un outil souvent utilisé pour préparer la succession. Il est possible de transmettre progressivement les parts de la SCI à ses enfants (par donation, en profitant des abattements tous les 15 ans) sans morceler physiquement le patrimoine immobilier. De plus, les parts de SCI peuvent faire l’objet d’un démembrement (par exemple, donner la nue-propriété aux enfants et conserver l’usufruit) pour optimiser les droits de succession tout en gardant le contrôle et les revenus.
- Séparation des patrimoines : Même si la responsabilité des associés est indéfinie, la SCI crée tout de même une séparation entre votre patrimoine personnel et le patrimoine immobilier de la société. Les dettes de la SCI sont à la charge de la SCI en premier lieu, ce qui offre une première couche de protection (vos créanciers personnels ne peuvent pas saisir directement un bien appartenant à la SCI, et vice-versa).
- Credibilité et financement : Pour un investisseur immobilier, acheter via une SCI peut améliorer la visibilité financière (comptes séparés) et parfois faciliter les négociations bancaires, surtout si vous avez plusieurs investissements. La banque regardera les revenus et charges de la SCI en tant qu’entité distincte, ce qui peut permettre d’emprunter sans que tous les crédits pèsent directement sur votre taux d’endettement personnel (même si en pratique, les banques demandent souvent la caution ou le co-emprunt des associés).
Inconvénients d’une SCI :
- Frais et formalisme : La création d’une SCI engendre des coûts initiaux (rédaction des statuts éventuellement par un professionnel, frais d’immatriculation). Il y a aussi un formalisme annuel minimal : tenue d’une assemblée générale, dépôt d’une liasse fiscale si soumise à l’IS, etc. Cela représente un surcroît de gestion administrative par rapport à la détention directe d’un bien en nom propre.
- Responsabilité des associés : Contrairement à une société commerciale (SARL, SAS) où la responsabilité est limitée aux apports, les associés d’une SCI sont responsables indéfiniment des dettes sociales à proportion de leur part. En cas de problème grave (dettes non couvertes par la vente des biens), votre patrimoine personnel peut être mis à contribution après liquidation des actifs sociaux.
- Utilisation limitée : La SCI ne convient pas à tous les projets immobiliers. Elle est destinée à la gestion de biens locatifs (non meublés principalement). Si vous souhaitez faire de l’achat-revente régulier (promotion, marchand de biens) ou de la location meublée professionnelle, la SCI n’est pas adaptée (les revenus deviendraient commerciaux et imposés à l’IS d’office, ou la SCI pourrait être requalifiée en société de fait commerciale). Pour ces activités, mieux vaut se tourner vers des structures commerciales (SARL de famille, SAS, entreprise individuelle, etc.).
- Pas d’avantage fiscal sans montage spécifique : Une SCI à l’IR n’apporte pas d’économie d’impôt particulière par elle-même (les loyers sont imposés comme si vous déteniez l’immeuble en direct). Son intérêt fiscal se révèle surtout dans des montages plus complexes (comme l’option à l’IS, ou la combinaison avec une holding) pour bénéficier de régimes fiscaux spécifiques.
- Conflits entre associés : Être en SCI implique de s’entendre avec les autres associés sur la gestion. Des désaccords peuvent survenir (par exemple sur la réalisation de travaux, la distribution des revenus, la vente d’un bien…). Il faut donc choisir soigneusement ses associés et prévoir dans les statuts des clauses de médiation ou de préemption pour gérer ces situations.

En somme, la SCI est un outil flexible et efficace pour la détention immobilière à plusieurs ou en famille, et pour une gestion pérenne du patrimoine. Mais elle n’est pas une baguette magique : elle s’accompagne de nouvelles obligations et ne réduit la fiscalité qu’en conjonction avec certains choix (comme l’IS) ou montages (holding, démembrement, etc.).
Rôle de la holding dans l’investissement immobilier
Passons maintenant à la holding. Une holding est une société dont la vocation est de détenir des participations dans d’autres sociétés (ses filiales). Dans le contexte qui nous intéresse, la holding détient des parts de SCI (ou d’autres sociétés d’exploitation éventuellement), plutôt que des immeubles en direct. L’usage d’une holding dans un montage immobilier vise principalement à créer une structure parent au sommet de vos investissements, afin de bénéficier d’avantages fiscaux sur les flux financiers entre sociétés et d’une meilleure gestion financière globale.
Holding animatrice vs holding passive : quelle différence ?
Il existe plusieurs types de holdings, mais on distingue généralement deux catégories principales : la holding passive et la holding animatrice.
- Holding passive (ou pure) : C’est une société holding purement financière, qui se contente de détenir et gérer des participations dans ses filiales. Elle n’exerce pas d’activité commerciale propre en dehors de cette gestion de titres. Autrement dit, sa seule raison d’être est d’être actionnaire des autres sociétés et de remonter les éventuels dividendes. La plupart des holdings utilisées pour structurer des SCI familiales sont de ce type (pas d’activité opérationnelle en direct).
- Holding animatrice : C’est une holding qui, en plus de détenir les parts de ses filiales, exerce une activité opérationnelle au service du groupe. Par exemple, elle peut assurer des prestations de management, de direction, de services administratifs ou commerciaux pour ses filiales, et jouer un rôle actif dans la conduite de leur politique. Une holding animatrice est souvent considérée fiscalement comme une société “opérationnelle” ce qui peut ouvrir droit à certains régimes fiscaux spécifiques (exonérations d’ISF/IFI dans le passé, ou régime d’exonération Dutreil pour les transmissions, etc.), dès lors qu’elle anime effectivement un groupe d’entreprises. Dans le cadre strict d’une détention de SCI de placement (de la pierre-papier), la notion de holding animatrice est moins pertinente, sauf si la holding fournit des services aux SCI (ce qui est rare, car la gestion immobilière est généralement faite par la SCI elle-même). Le plus souvent, la holding reste passive.
Avantages de la holding : fiscalité, trésorerie et effet de levier
Créer une holding au-dessus de vos SCI apporte plusieurs avantages financiers et fiscaux non négligeables :
- Régime fiscal “mère-fille” (quasi-exonération des dividendes) : C’est l’un des atouts majeurs. Le régime mère-fille est un dispositif fiscal français qui permet à une société mère (la holding) d’être quasiment exonérée d’impôt sur les dividendes qu’elle reçoit de ses filiales. Concrètement, si la holding détient au moins 5% des parts d’une filiale et que les deux sont soumises à l’IS, alors 95% des dividendes versés par la filiale à la holding sont exonérés d’impôt sur les sociétés (seule une quote-part de 5% est réintégrée dans le bénéfice imposable de la holding). Cela évite la double imposition des bénéfices : la SCI filiale paie son IS sur ses revenus locatifs, puis peut distribuer le bénéfice net à la holding sans que celle-ci n’ait quasiment d’impôt à payer dessus (en pratique, 5% x 25% = 1,25% d’IS effectif sur le montant du dividende). Exemple: si une SCI (à l’IS) verse 20 000 € de dividendes à la holding, la holding ne paiera que ~250 € d’IS sur ce montant, au lieu de 5 000 € si elle était imposée normalement à 25%. Grâce à ce régime mère-fille, les profits immobiliers remontent donc presque intacts vers la holding. La condition, rappelons-le, est que la holding détienne au moins 5% de la SCI et s’engage à conserver cette participation pendant au moins 2 ans.
- Optimisation de la trésorerie et réinvestissement : Une fois les bénéfices logés dans la holding (grâce aux dividendes quasi exonérés évoqués ci-dessus), cette trésorerie peut être réinvestie dans de nouveaux projets sans passer par la case “imposition personnelle”. Si vous n’aviez pas de holding, pour réutiliser les bénéfices de la SCI, il faudrait les distribuer aux personnes physiques associées (et subir la flat tax de 30%). Avec la holding, vous pouvez laisser les fonds au niveau de la holding et les employer pour financer l’apport d’une nouvelle SCI, acheter de nouveaux immeubles, réaliser des travaux, etc., le tout de manière beaucoup plus efficiente. En somme, la holding sert de caisse centrale qui collecte les flux provenant des SCI et peut les redéployer là où sont les besoins. Cela facilite la mutualisation des ressources : par exemple, les loyers excédentaires d’une SCI A peuvent, via la holding, venir financer un investissement dans une SCI B. C’est particulièrement utile si certaines de vos SCI ont des cycles différents (l’une en phase d’emprunt avec peu de trésorerie, l’autre dégageant du cash).
- Effet de levier financier accru : Disposer d’une holding peut améliorer votre capacité d’endettement global. La holding, bénéficiant de remontées de dividendes peu fiscalisées, peut s’endetter en son nom pour investir dans de nouvelles filiales ou prêter des fonds aux SCI existantes. Les banques peuvent considérer positivement le fait qu’un groupe soit structuré, avec une holding consolidant les résultats. Par exemple, la holding peut contracter un emprunt corporate en apportant en garantie les parts de SCI qu’elle détient (ou les flux futurs de dividendes), afin d’injecter des fonds dans une nouvelle opération immobilière. De plus, si la holding détient 95% ou plus d’une SCI, il est possible de mettre en place une intégration fiscale : c’est un régime où le résultat fiscal de la filiale remonte et se consolide avec celui de la mère. L’intérêt est de compenser d’éventuels déficits d’une société avec les bénéfices d’une autre au niveau du groupe, évitant de payer de l’IS si, par exemple, une SCI est en perte (travaux, démarrage) tandis qu’une autre est bénéficiaire. L’intégration fiscale est plus courante pour des sociétés d’exploitation, mais elle peut s’envisager si vous avez plusieurs SCI à l’IS.
- Autres avantages : D’un point de vue juridique, la holding facilite la transmission de l’ensemble du patrimoine immobilier. Plutôt que de transmettre X immeubles détenus en direct ou via X SCI séparées, on peut transmettre les parts de la holding qui chapeaute tout (nous y reviendrons dans la section Transmission). Par ailleurs, en cas de cession d’une partie du patrimoine, la holding peut vendre les parts d’une SCI (plutôt que la SCI vende l’immeuble) ce qui, dans certains cas, peut être fiscalement plus intéressant ou plus simple pour l’acquéreur comme pour le vendeur (vente de titres vs vente d’immeuble, même si la plus-value sur titres de SCI à prépondérance immobilière reste soumise à un régime spécifique). Enfin, la présence d’une holding permet éventuellement de s’ouvrir à des investisseurs extérieurs plus facilement en leur cédant une partie de la holding plutôt que d’entrer dans chaque SCI, ce qui peut être un atout si vous cherchez à lever des fonds ou vous associer avec d’autres investisseurs sur l’ensemble de votre portefeuille.

En contrepartie, une holding ajoute une couche de complexité (frais de constitution, comptabilité annuelle de la holding, etc.) et n’a d’intérêt que si le volume d’affaires le justifie (nous verrons plus loin les situations pour lesquelles ce montage est pertinent). Voyons maintenant concrètement comment se monte une holding avec une SCI.
Montage d’une holding avec une SCI
Après avoir vu séparément le fonctionnement d’une SCI et les avantages d’une holding, intéressons-nous au montage combiné holding + SCI. Comment articuler ces deux entités ensemble pour en tirer le meilleur parti ? Quel schéma de structuration mettre en place, et comment cela fonctionne-t-il dans la pratique ?
Schéma de structuration : comment associer une holding et une SCI
Dans un montage “holding + SCI”, la holding est positionnée au-dessus de la (ou des) SCI. Concrètement, au lieu que vous déteniez en direct les parts de la SCI, c’est la holding qui va devenir l’associé principal de la SCI. Généralement, la holding prend une part majoritaire (par exemple 99% des parts de la SCI), et vous-même (ou une personne de confiance) prenez le restant (1%) pour satisfaire à l’exigence d’au moins 2 associés dans la SCI. La holding peut prendre différentes formes juridiques : souvent une SARL ou une SAS à l’IS (sociétés commerciales classiques), mais il arrive aussi que la holding soit elle-même une SCI (on parle de SCI de contrôle détenant d’autres SCI). Le choix de la forme dépend de considérations fiscales (par exemple, une holding qui serait une SCI à l’IR ne pourrait pas bénéficier du régime mère-fille, donc si l’objectif est l’optimisation fiscale, on privilégie une holding soumise à l’IS).
Une fois la holding créée, elle apporte des fonds à la SCI (soit en capital, soit via des prêts en compte courant d’associé) pour permettre à celle-ci d’acheter les biens immobiliers. La SCI contracte également les emprunts bancaires nécessaires à ses acquisitions, éventuellement avec la garantie de la holding ou des associés. Toutes les opérations immobilières (achat, location, vente) sont effectuées par la SCI, sous le contrôle indirect de la holding qui est son actionnaire principal. D’un point de vue flux financier : les loyers sont encaissés par la SCI, qui paye ses charges et impôts (IS éventuellement) et peut ensuite remonter les bénéfices restants sous forme de dividendes vers la holding. La holding reçoit ces dividendes avec une fiscalité allégée (régime mère-fille) et peut soit les réinvestir (par exemple en les injectant dans une nouvelle SCI ou en finançant l’agrandissement du parc immobilier), soit éventuellement les conserver en réserve, soit encore les prêter aux filiales selon les besoins.
Il est tout à fait possible qu’une holding détienne plusieurs SCI en parallèle, ce qui est un scénario fréquent pour un investisseur immobilier aguerri : par exemple une SCI par immeuble ou par projet, afin de bien séparer les risques et les comptes de chaque opération, le tout piloté par une même holding. La holding devient alors la société tête de groupe, et chaque SCI est une filiale dédiée à un bien ou un ensemble de biens.

La holding (société mère, au centre) détient deux SCI filiales (en bas), chacune propriétaire d’un bien immobilier, tandis que les associés (personnes physiques) sont en haut, actionnaires de la holding. Ce montage permet aux investisseurs de contrôler plusieurs biens immobiliers via une structure centralisée (la holding) et d’optimiser la gestion et la fiscalité de l’ensemble. On pourrait imaginer, par exemple, que chaque SCI correspond à un immeuble locatif différent (SCI Filiale 1 et SCI Filiale 2), la holding servant à mutualiser les bénéfices et à faciliter de nouveaux investissements.
Exemple concret de montage
Pour mieux comprendre l’intérêt, prenons un exemple concret. Supposons que M. Dupont souhaite développer un portefeuille de biens locatifs tout en limitant l’impact fiscal immédiat sur ses revenus. Il crée d’abord une holding Dupont Invest SAS dont il est l’unique actionnaire (éventuellement avec un capital modeste de départ, par exemple 1 000 €). Cette holding va créer à son tour une SCI à l’IS appelée SCI ImmoDupont, détenue à 99% par Dupont Invest SAS et 1% par M. Dupont en direct (pour avoir le second associé requis). La SCI ImmoDupont achète un premier immeuble locatif de 300 000 € financé par un emprunt bancaire de 250 000 € et un apport de 50 000 €. Cet apport provient en partie de la holding : la Dupont Invest SAS apporte par exemple 40 000 € (qu’elle avait via le capital ou un emprunt propre) et M. Dupont apporte 10 000 € en direct dans la SCI.
L’immeuble est mis en location, et la SCI ImmoDupont encaisse 20 000 € de loyers annuels. Après déduction des charges (intérêts d’emprunt, travaux d’entretien, taxes…) et amortissement du bien, le résultat imposable de la SCI n’est que de 5 000 €. La SCI paye l’IS sur ce bénéfice : à 15%, cela représente 750 € d’impôt. Le bénéfice net après impôt dans la SCI est donc de 4 250 €. Au lieu de distribuer ce gain directement à M. Dupont (où il subirait la flat tax 30%), la SCI décide de verser un dividende de 4 250 € à la holding Dupont Invest SAS (proportionnellement aux 99% détenus, soit environ 4 207 € pour la holding et 43 € pour M. Dupont via sa part de 1%). Grâce au régime mère-fille, la holding reçoit ces 4 207 € quasiment nets d’impôt (elle ne payera que 5% x 25% ≈ 53 € d’impôt dessus). Ainsi, sur les 20 000 € de loyers initiaux, l’imposition totale dans le schéma holding+SCI a été minime (803 € environ au total : 750 € + 53 €), soit un taux effectif d’environ 4%. Le reste des loyers (plus de 19 000 €) a pu être conservé dans le circuit “société” sans atterrir dans la base imposable de M. Dupont à titre personnel.
M. Dupont pourra maintenant réutiliser ces 4 207 € au sein de sa holding pour, par exemple, apporter des fonds à une deuxième SCI qu’il souhaite créer afin d’acheter un nouvel appartement locatif. De plus, la holding Dupont Invest SAS, forte de ce premier immeuble rentable, aura plus de facilité à emprunter ou à rassurer les partenaires financiers pour financer ce deuxième projet. Ce cycle peut se reproduire : chaque nouvelle SCI filiale génère des revenus immobiliers imposés à l’IS, puis envoie les bénéfices à la holding, où ils pourront servir d’apport pour le projet suivant, créant un cercle vertueux d’investissement. Bien entendu, si un jour M. Dupont souhaite profiter personnellement de ces gains, il lui suffira de se verser des dividendes depuis la holding – il paiera alors la flat tax 30% sur ces montants. Mais l’intérêt est qu’il peut choisir le timing optimal pour le faire (par exemple, échelonner les sorties de cash sur plusieurs années ou les attendre pour sa retraite où son taux d’imposition sera peut-être plus bas) et qu’entre-temps, l’argent a travaillé à grossir son patrimoine plutôt que d’être ponctionné immédiatement par l’impôt.
Cet exemple illustre comment une holding + SCI permet de faire fructifier un patrimoine immobilier en société de manière optimisée. Le montage profite pleinement des atouts de l’IS (faible imposition des bénéfices réinvestis, amortissements, etc.) tout en repoussant la taxation personnelle au moment voulu.
Points de vigilance et erreurs à éviter
Malgré ses avantages, le montage holding + SCI comporte des complexités et des écueils qu’il ne faut pas négliger. Avant de se lancer, voici quelques points de vigilance et erreurs courantes à éviter :
- Montage justifié par le projet, pas uniquement par l’impôt : Assurez-vous que ce montage correspond à votre situation. Si vous n’envisagez d’acquérir qu’un seul petit bien locatif par exemple, créer une holding en plus de la SCI risque d’être une usine à gaz coûteuse pour un bénéfice fiscal quasi nul. Le montage holding + SCI se justifie surtout pour des investisseurs avec plusieurs biens ou un projet patrimonial d’ampleur, ou encore des chefs d’entreprise qui souhaitent réinvestir les bénéfices de leur société dans l’immobilier. Ne le mettez pas en place uniquement pour “payer moins d’impôts” sans volume d’activité suffisant, car les coûts et charges pourraient dépasser les gains.
- Choix du régime fiscal de la SCI : Si vous créez une holding pour optimiser la fiscalité, il est presque toujours pertinent d’opter pour la SCI à l’IS. Une SCI à l’IR détenue par une holding n’a pas grand intérêt fiscal (puisque les résultats de la SCI remonteraient quand même imposés à l’IR dans les mains de la holding, qui elle-même serait translucide pour ces résultats). Donc, sauf cas particulier, l’optimisation “holding” va de pair avec une SCI à l’IS. Rappelez-vous que ce choix est irréversible, donc confirmez avec un conseiller que l’IS est opportun pour votre horizon d’investissement (par exemple, ne pas opter à l’IS si vous comptez revendre le bien dans 2-3 ans, car la taxation de la plus-value société sera moins avantageuse que le régime des particuliers).
- Respecter la substance économique (attention à l’abus de droit) : Un montage purement artificiel qui aurait pour seul but d’éluder l’impôt peut être requalifié par l’administration fiscale en abus de droit. Pour éviter cela, votre holding doit avoir une véritable utilité économique : gestion centralisée, animation du groupe, préparation de la transmission, etc. Il est recommandé que la holding ait un objet social cohérent (par exemple “prise de participations dans toutes sociétés immobilières et gestion de ces participations”), qu’elle joue un rôle actif minimal (tenue d’AG, décisions d’investissement…), et de pouvoir justifier l’intérêt du schéma autrement que par l’impôt (ex: meilleure organisation patrimoniale familiale). En pratique, le régime mère-fille et l’intégration fiscale sont des dispositifs prévus par la loi – leur utilisation n’est pas un abus en soi, mais il faut rester dans un cadre légal normal.
- Charges de structure et coûts : N’oubliez pas qu’avec une holding + SCI, vous avez deux sociétés à gérer. Cela signifie deux assemblées générales annuelles, deux comptabilités, deux déclarations fiscales, etc. Les frais de comptable, d’avocat (le cas échéant), la taxe sur les véhicules de sociétés si applicable à la holding, etc., s’additionnent. Assurez-vous que les économies d’impôt attendues dépassent ces surcoûts administratifs. Souvent, on conseille ce montage si le montant des revenus ou bénéfices à gérer justifie au moins quelques milliers d’euros de frais fixes par an.
- Bien structurer le financement intra-groupe : Si la holding prête des fonds aux SCI (via des comptes courants d’associé), formalisez bien ces prêts (conventions de prêt, taux éventuellement). De même, si la holding rend des services aux SCI (facturation de prestations de gestion par exemple), appuyez-vous sur des conventions écrites et à prix de marché. Cela sécurise les relations financières entre vos sociétés et évite des remises en cause fiscales (la banque peut aussi demander la trace de ces accords).
- Maintenir un second associé pour la SCI : Cela peut paraître anodin, mais une erreur fréquente est de négliger l’exigence d’au moins 2 associés dans une SCI. Si vous détenez 100% des parts via la holding, votre SCI pourrait être considérée comme n’ayant qu’un seul associé (la holding elle-même) – ce qui n’est pas conforme au statut de société civile (sauf cas très particulier de la réunion temporaire de toutes les parts en une main qui doit être régularisée). La parade consiste à toujours conserver un petit pourcentage de parts (ex : 0,1%) entre les mains d’une personne physique (vous-même ou un proche de confiance). Ce minoritaire n’aura quasiment pas de poids économique, mais il garantit la validité de la structure juridique.
- Anticiper la sortie ou la transmission : Avoir une holding et des SCI rend la structure plus pérenne, mais pensez à la façon dont vous en sortirez éventuellement. Par exemple, si vous décidez de vendre un bien : vaut-il mieux vendre l’immeuble via la SCI (avec imposition à l’IS) ou vendre les parts de la SCI à l’acheteur (possible, mais ce dernier pourrait négocier un prix plus bas en raison de la fiscalité latente dans la SCI) ? Si vous transmettez à vos enfants : préfèrerez-vous donner les parts de la holding (qui détient tout) ou directement celles des SCI ? Ces questions doivent être anticipées avec des conseils spécialisés pour profiter au mieux des avantages (comme le pacte Dutreil si applicable, démembrement, etc.) sans mauvaise surprise.

En résumé, le montage holding + SCI est un excellent outil d’optimisation patrimoniale et fiscale, à condition de l’appliquer dans les bonnes situations et de respecter les règles de gestion d’une telle structure. Entourez-vous de professionnels (expert-comptable, avocat fiscaliste ou notaire) pour vous accompagner dans la mise en place afin de sécuriser chaque étape.
Conclusion
Le montage combinant une holding et une ou plusieurs SCI offre un cadre puissant pour développer et gérer un patrimoine immobilier de manière efficiente. En interposant une holding entre vous et vos SCI, vous pouvez capitaliser sur les atouts de la fiscalité des sociétés (taux d’IS réduit, amortissements, régime mère-fille, intégration fiscale…) tout en conservant une grande souplesse de gestion et en préparant sereinement la transmission de vos biens. Parmi les avantages clés : la réduction de la double imposition sur les revenus immobiliers (grâce à la quasi-exonération des dividendes entre la SCI et la holding), la capacité à réinvestir plus de fonds dans de nouveaux projets (puisque moins d’impôt personnel ponctionné à chaque cycle), la mutualisation des trésoreries et des risques entre différents biens, et un outil de transmission progressive du patrimoine sous forme de parts sociales plutôt que d’immeubles indivis.
Ce montage s’adresse particulièrement aux investisseurs ayant une vision à long terme et un projet d’ampleur : par exemple, constituer un parc locatif conséquent, préparer la retraite avec des revenus immobiliers mieux maîtrisés fiscalement, ou encore aux chefs d’entreprise qui veulent diversifier leurs investissements en plaçant les bénéfices de leur société dans l’immobilier. Il convient également aux familles cherchant à structurer la détention de plusieurs biens et à organiser leur transmission sur plusieurs générations. En revanche, pour de très petits projets ou un unique bien, la complexité supplémentaire d’une holding peut être superflue.
Pour mettre en place une telle stratégie, il est recommandé de se faire accompagner : chaque situation ayant ses spécificités (régime matrimonial, nombre d’associés, nature des biens, financement, etc.), un professionnel saura concevoir le schéma le plus adapté (choix de la forme juridique de la holding, rédaction des statuts, options fiscales…). Une fois la holding et la SCI créées, pensez à la gestion courante rigoureuse de ces structures pour conserver le bénéfice des avantages (respect des obligations fiscales, juridiques, mise à jour des conventions intra-groupe…).
En définitive, la combinaison holding + SCI constitue un levier puissant pour optimiser la gestion et la fiscalité de vos investissements immobiliers. Lorsqu’elle est utilisée judicieusement, elle permet de faire croître un patrimoine de façon accélérée tout en maîtrisant la charge fiscale, sans pour autant sacrifier la flexibilité ou la préparation de l’avenir.
FAQ
Quels sont les avantages fiscaux d’un montage holding + SCI ?
Ils proviennent principalement des régimes fiscaux de groupe. D’abord, le régime mère-fille évite la double imposition des bénéfices : la holding est exonérée à 95 % des impôts sur les dividendes versés par la SCI (si la SCI est à l’IS), ce qui permet de remonter les loyers sous forme de dividendes quasiment sans frottement fiscal. Ensuite, le régime d’intégration fiscale (possible si la holding détient au moins 95 % de plusieurs filiales à l’IS) autorise la compensation des bénéfices et pertes entre sociétés, réduisant l’impôt global. En résumé, la holding + SCI permet de conserver les profits dans le périmètre de l’entreprise avec une fiscalité allégée tant qu’ils ne sont pas distribués aux personnes physiques.
Quelle différence entre une SCI à l’IS et une SCI à l’IR ?
Une SCI à l’IR est fiscalement transparente : les bénéfices (ou pertes) sont directement imposés entre les mains des associés comme des revenus fonciers. C’est simple et, en cas de vente d’un bien, chaque associé bénéficie des abattements et exonérations des plus-values immobilières des particuliers (exonération totale au bout de 30 ans). Une SCI à l’IS paie l’impôt sur les sociétés sur ses bénéfices, mais elle peut déduire beaucoup plus de charges (dont l’amortissement du bien). Cela réduit l’impôt sur les loyers au fil des ans, mais en contrepartie, les plus-values de cession sont pleinement taxées à l’IS (sans exonération liée au temps) et si les bénéfices sont distribués aux associés, ceux-ci paient un impôt sur les dividendes. Le choix se fait donc entre immédiateté et long terme : l’IR privilégie la simplicité et la sortie à terme (revente du bien avec imposition réduite), l’IS privilégie l’optimisation des revenus annuels et la capitalisation en vue de réinvestir.
Peut-on transmettre plus facilement son patrimoine avec une holding ?
Oui, c’est même l’un des atouts majeurs du montage. Une holding familiale combinée à une SCI permet de transmettre progressivement un patrimoine immobilier en donnant des parts sociales plutôt que les immeubles eux-mêmes. Vous pouvez, par exemple, faire des donations successives de parts de SCI ou d’actions de holding à vos enfants en profitant à chaque fois des abattements fiscaux (jusqu’à 100 000 € par parent et par enfant tous les 15 ans). Cela facilite la transmission car le patrimoine reste regroupé dans la structure (pas de division physique des biens) et vous pouvez en conserver le contrôle en gardant une part des titres ou la gérance jusqu’à ce que la transmission soit achevée.
Faut-il un apport initial important pour créer une holding ?
Pas nécessairement. La création de la holding en elle-même peut se faire avec un capital modeste (quelques euros ou quelques milliers d’euros symboliques). L’essentiel est d’avoir un plan de financement pour vos investissements immobiliers ensuite. La holding peut emprunter auprès des banques ou recevoir des apports en capital (ou en compte courant) des associés au fur et à mesure des besoins. En somme, on peut démarrer petit, puis faire grandir la holding avec les fonds injectés et les bénéfices réinvestis.
Quels sont les risques d’un montage holding + SCI ?
Le principal risque est d’abuser du montage à des fins purement fiscales sans justification économique réelle : cela serait vu comme un abus de droit par le fisc, avec redressement à la clé. Il faut aussi veiller à respecter toutes les obligations légales et comptables pour chaque société (d’où l’importance de s’entourer d’un bon expert-comptable ou avocat). Enfin, n’oubliez pas les risques financiers : une holding endettée compte sur les dividendes de ses SCI pour rembourser ses emprunts, donc si les loyers ou les bénéfices ne sont pas au rendez-vous, le montage n’évitera pas les difficultés (il peut même les amplifier). Cela dit, en concevant un montage adapté à votre situation et en vous faisant accompagner par des professionnels, ces risques restent sous contrôle.